Le but du projet *CSL/Clio* est de fournir une solution clé en main aux historiens pour utiliser des gestionnaires bibliographiques basés sur CSL, tels que [*Zotero*](https://www.zotero.org/), et mettre en forme automatiquement les citations et les bibliographies grâce aux processeurs CSL existants. Il comprend trois aspects:
* Proposer des stratégies claires pour encoder des références bibliographiques dans le format CSL en contournant ses limitations plutôt qu'en l'étendant;
* Fournir des feuilles de style CSL qui poussent le plus loin possible l'automatisation de la mise en forme des citations et de la bibliographie en s'appuyant sur ces stratégies d'encodage;
* Fournir des outils de post-traitement (macros LibreOffice, filtres Pandoc) pour automatiser la plus grande partie des modifications qui doivent être effectuées sur le résultat produit par les processeurs CSL.
La première section développe les principes et les objectifs du projet. Malgré mes efforts, il est possible qu'elle reste quelque peu obscure à la première lecture. Sa lecture est utile, mais pas indispensable à la compréhension des sections suivantes; il est possible de la parcourir rapidement, puis de revenir éventuellement plus tard, en ayant acquis un peu d'expérience. Les sections suivantes donnent des indications pratiques pour utiliser *Zotero* selon les principes de *CSL/Clio*, utiliser les outils fournis et étendre le nombre de styles proposés. Il est nécessaire, avant de les lire, d'être un minimum familiarisé avec l'interface et les fonctionnalités de base de *Zotero*.
<!-- TODO: Vous pouvez adresser vos remarques, questions, requêtes et signalements de bugs... -->
*Citation Style Language* (CSL) est un format de fichier basé sur [XML](https://www.w3.org/standards/xml/core) qui décrit la manière dont doivent être mises en forme des références bibliographiques au sein d'un document. Il permet de mettre en forme différemment une référence selon qu'elle se trouve dans une citation ou dans la bibliographie, et de distinguer entre la première mention d'une référence et ses mentions ultérieures. Pour ce faire, il spécifie:
* Les différentes variables qui peuvent être utilisées pour décrire une référence dans un gestionnaire de bibliographie: `title`, `author`, `editor`, `issued`, `page`,...
* La manière dont doivent être rédigées les instructions de mise en forme dans une feuille de style;
* La manière dont ces instructions doivent être interprétées par les logiciels qui traitent ces feuilles de style pour procéder à la mise en forme, CSL n'étant pas lui-même un programme mais un format.
Les règles que doit respecter tout fichier CSL (variables utilisées, syntaxe,...) sont spécifiées dans un [*schéma*](<!-- REF -->), qui est une représentation formelle plutôt destinée à l'ordinateur qu'à un humain. Le contenu du schéma, les contraintes qu'il exprime et la manière dont doivent être interprétées les instructions d'une feuille de style sont explicitées dans les [*spécifications*](<!--REF-->).
L'utilisation de CSL pour la mise en forme des citations met en œuvre quatre outils:
* Un gestionnaire de bibliographie qui se base sur les règles spécifiées par CSL pour décrire les références. Dans la suite de ce document, nous prendrons l'exemple de [*Zotero*](https://www.zotero.org/), mais [d'autres logiciels supportent CSL](https://en.wikipedia.org/wiki/Comparison_of_reference_management_software);
* Une feuille de style conforme à la fois au schéma CSL et aux directives de la revue, de la collection ou de la maison d'édition qui doit publier le travail en train d'être rédigé (les deux principaux dépôts étant [celui du projet CSL](https://github.com/citation-style-language/styles) et [celui de Zotero](https://www.zotero.org/styles));
* Un processeur CSL, c'est-à-dire un programme qui traite les données enregistrées dans le gestionnaire de bibliographie selon les instructions données dans la feuille de style spécifiée pour produire une référence mise en forme dans un format qui lui est propre;
* Un programme qui convertit les données renvoyées par le processeur CSL dans le format du fichier où la référence doit être insérée.
De nombreux gestionnaires de bibliographie intègrent un processeur CSL, le plus souvent [*citeproc-js*](https://citeproc-js.readthedocs.io/en/latest/), et proposent des extensions pour les principaux logiciels de traitement de texte. Grâce à ceux-ci, lorsque l'auteur souhaite insérer une citation, il lui suffit de cliquer sur un bouton et d'indiquer dans la fenêtre qui s'ouvre à quels items il veut faire référence et quelles précisions supplémentaires il souhaite apporter; le plugin appelle le processeur intégré en lui indiquant la feuille de style choisie par l'utilisateur et les informations relatives à la citation et intègre la citation produite par le processeur dans le document courant sous la forme d'une note de bas de page ou d'une référence dans le corps du texte. On en trouvera un exemple [sur le site de *Zotero*](https://www.zotero.org/support/word_processor_integration). [D'autres processeurs existent](https://citationstyles.org/developers/#/csl-processors), notamment celui utilisé par [Pandoc](https://pandoc.org/).
La mise en œuvre de cette chaîne opératoire pour la mise en forme des citations comporte de nombreux avantages sur un travail purement manuel. En automatisant la mise en forme des citations, elle réduit les risques d'incohérences et d'erreurs: on gagne ainsi du temps à la fois lors de la saisie des citations et à la relecture. Elle évite d'avoir à vérifier si une référence a déjà été citée ou non et dans quelle note. La séparation entre le stockage des références bibliographiques et leur mise en forme facilite également l'utilisation des mêmes références dans plusieurs publications soumises à des normes différentes. Elle permet même de changer les règles de mise en forme en cours de rédaction sans perdre de temps à modifier toutes les citations existantes, ce qui peut s'avérer précieux lorsque l'éditeur met à jour ses instructions ou lorsque l'on décide de soumettre à une autre revue que celle envisagée initialement. Certes, il est nécessaire de prendre un peu de temps pour apprendre à utiliser ces outils et pour enregistrer sa bibliographie dans le gestionnaire; mais cet investissement est faible si l'on se contente d'utiliser ou de modifier légèrement des feuilles de styles existantes, et il est très rapidement rentabilisé.
Enfin, CSL présente toutes les garanties de durabilité. Les spécifications sont publiées sous license [Creative Commons Attribution-ShareAlike](https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/), une license [libre](https://www.gnu.org/philosophy/free-sw.html) qui leur garantit une large diffusion. Les processeurs existants, ainsi que plusieurs logiciels de gestion de bibliographie (dont *Zotero*), sont relativement nombreux, dotés pour certains d'une importante communauté d'utilisateurs, en partie dépendants les uns des autres, et libres, ce qui rend très peu probable l'arrêt de leur développement. La large [batterie de tests](https://github.com/citation-style-language/test-suite) maintenue sur le dépôt en ligne de CSL permet aux développeurs de vérifier si le comportement de leur programme est conforme aux spécifications: ainsi, dans la plupart des cas, un style CSL donné produira bien les mêmes résultats quel que soit le processeur utilisé — et si tel n'est pas le cas, il est possible de signaler le problème sur le dépôt du code source du projet. Le principal risque pour l'utilisateur est qu'une modification des spécifications CSL impose de modifier les styles ou l'enregistrement des données dans le gestionnaire de bibliographie; cependant, dans ce cas, des outils seront très probablement mis à disposition pour rendre la migration automatique, [comme cela a été le cas](https://github.com/citation-style-language/utilities/blob/master/update-styles-0.8.1-to-1.0.sh) lors du passage de la version 0.8 à la version 1.0 des spécifications.
> **Pour aller plus loin:**
>
> * [Site de CSL](https://citationstyles.org/)
> * [Introduction à CSL](https://docs.citationstyles.org/en/1.0.1/primer.html)
Si CSL a été développé principalement par des chercheurs pour les besoins de la publication scientifique, le fait qu'il soit pensé pour couvrir les besoins de l'ensemble des sciences humaines le rend peu adapté, au premier abord, à certains besoins particuliers.
Pour les historiens, son point faible le plus évident est le manque de support pour la gestion des sources primaires. En effet, CSL prévoit principalement une variable `title`^[
`Titre` dans *Zotero*.
] pour le titre d'une référence et une variable `container-title`^[
Dans *Zotero*, `Titre du livre` si l'item enregistré est un chapitre ou `Publication` s'il s'agit d'un article.
], pour l'ensemble dans lequel elle est insérée (livre pour un chapitre d'ouvrage, revue pour un article), mais rien pour le titre d'une source. Or, on ne peut pas renseigner le titre de la source comme `title` et celui de l'ouvrage dans lequel elle est publiée dans `container-title` car certaines sont publiées dans des articles ou des chapitres d'ouvrages. En outre, selon les éditeurs, il faut indiquer soit le titre de la source, soit celui de la publication, soit les deux: si l'on veut que les enregistrements dans la base de données bibliographique soient complets et indépendants des styles utilisés, une variable *ad hoc* est donc nécessaire. Or, le fait que l'utilisation d'une telle variable soit limitée aux historiens empêche qu'elle soit ajoutée dans les spécifications^[
Pour plus de détails, voir [cette discussion](https://github.com/citation-style-language/schema/issues/388) sur le dépôt officiel du schéma CSL.
Bien que ce point ne soit pas explicité, les spécifications actuelles de CSL (v.1.0.1) semblent supposer que la localisation d'un passage dans une publication se fait en fonction d'un critère unique, tel que la page, le chapitre ou la ligne. Les processeurs, en accord avec les tests officiels, ne prévoient en tout cas que ce cas de figure. Or, le plus souvent, lorsque l'on précise la ligne, on indique aussi la page, le folio ou la colonne. De même, on peut avoir besoin de citer une source à la fois selon les divisions internes de la source (p.ex.VI, 5) et selon la page dans l'édition. De ce fait, dans les boîtes de dialogue d'ajout de citation, on ne peut renseigner qu'un des deux critères de localisation dans le champ approprié, l'autre étant à ajouter en suffixe (voir [@fig:double-locator-zotero]). Cela pose problème à double titre: d'abord parce que certains localisateurs, dans certains styles, sont rendus différemment selon qu'ils sont seuls ou combinés à d'autres^[
Comparer p.ex.«La Fontaine, *À Fouquet*, l.7» (ligne seule) et «La Fontaine, *Le Songe de Vaux*, p.26^5^ » (page et ligne en exposant). Voir aussi [cette discussion](https://github.com/citation-style-language/schema/issues/342).
]; ensuite parce que cette lacune oblige à mettre en forme une partie des localisateurs directement dans le champ *Suffixe*, ce qui peut poser problème en cas de modification des normes suivies. Par ailleurs, CSL prévoit une grande variété de critères de localisation dans les *citations*, mais pas dans les *références bilbiographiques*: ainsi, on peut se référerer à un folio précis d'un manuscrit dans une citation, mais non indiquer la localisation d'une œuvre dans un manuscrit dans la bibliographie.
![Localisation selon la page et la ligne dans la fenêtre classique d'ajout de citation de *Zotero*](double-locator-zotero.png){#fig:double-locator-zotero}
Concernant les titres de revues, les spécifications CSL prévoient une variable `container-title-short` qui permet d'indiquer une forme abrégée. *Zotero* [propose en outre une option](https://www.zotero.org/support/kb/journal_abbreviations) pour ignorer cette variable et utiliser à la place la liste d'abréviations de l'*Index Medicus*. Toutefois, ces deux approches ne sont pas satisfaisantes, d'une part parce qu'elles ne prévoient pas un mécanisme semblable pour les titres de collections, d'autre part parce que les listes d'abréviations varient selon les éditeurs et les revues. Pour l'instant, seul *Pandoc* permet de fournir une liste d'abréviations en plus du fichier CSL [en utilisant un mécanisme généralisable à toutes les variables](https://pandoc.org/MANUAL.html#specifying-a-citation-style) (dont `collection-title`). Cependant, il faut acquérir des connaissances de bases sur le format JSON et CSL pour constituer une telle liste, et les utilisateurs de logiciels de traitement de texte tels que *Word* ou *LibreOffice* ne peuvent pas en bénéficier. *Zotero* devrait aussi acquérir cette fonctionnalité dans le futur^[
En réalité, [une solution existe déjà](https://forums.zotero.org/discussion/comment/155854/#Comment_155854) mais elle n'est pas officiellement documentée et est assez délicate à metre en œuvre. Nous l'expliquons néanmoins [plus loin](#liste-dabréviations).
Enfin, il manque des solutions claires pour l'encodage de certains éléments. Il n'existe pas, dans CSL, de types de documents tels que «actes de colloque», «répertoire», «blog» ou «site Web». Il n'est pas prévu non plus de rôle pour les collaborateurs^[
Il existe bien un champ *Collaborateur* dans *Zotero*, mais il n'est relié à aucune variable dans CSL.
]. Comme nous l'avons évoqué plus haut, il n'est pas possible de localiser autrement une partie d'ouvrage dans la bibliographie que par pages, volume ou partie: il n'est donc pas possible d'indiquer à quels folios ou dans quelles colonnes de la *Patrologie grecque* se trouve une source (bien que ce soit possible dans les citations).
Heureusement, les membres du projet CSL sont parfaitement conscients de ces limites que les nombreux retours d'utilisateurs mettent en évidence, et ils travaillent à faire évoluer les spécifications pour y apporter des réponses. À l'heure à laquelle ce guide est rédigé, les spécifications officielles, qui sont implémentées par les processeurs, portent le numéro de version 1.0.1. Elles devraient bientôt évoluer vers la version 1.0.2, qui introduira quelques nouveautés sans véritablement résoudre les problèmes que nous avons identifiés. À plus long terme, CSL sera plus profondément remanié dans la version 1.1. Les discussions en cours sont très prometteuses, mais nul ne sait quand elles aboutiront, et il faudra encore un délai supplémentaire pour que les processeurs soient mis à jour. En attendant, il nous faut trouver des moyens de surmonter les limites actuelles de CSL en faisant avec l'existant.
> **En savoir plus sur l'évolution de CSL:**
>
> * Le blog de CSL contient un [article très synthétique sur les évolutions envisagées](https://citationstyles.org/2020/07/11/seeking-public-comment-on-CSL-1-0-2/);
> * Sur la version 1.0.2, en gardant à l'esprit qu'il s'agit encore d'un travail en cours, quoique très avancé, on peut prendre connaissance des [spécifications](https://github.com/citation-style-language/documentation/blob/master/specification.rst). Un document synthétique listant les évolutions par rapport à la version 1.0.1 est disponible [ici](https://docs.google.com/document/d/1wY1cOOamDYYh8VNW7h_uleqieBDGOa_LYsRiVdQy1RI/);
> * Sur la version 1.1, on peut consulter la [liste des problèmes identifiés ou en cours de traitement](https://github.com/citation-style-language/schema/milestone/1);
> * À plus long terme encore, [quelques objectifs ont été identifiés pour une version 1.2](https://github.com/citation-style-language/schema/labels/1.2);
> * Voir aussi la [liste des propositions pour de futures versions de CSL](https://github.com/orgs/citation-style-language/projects/3) (toutes versions confondues).
Actuellement, pour bénéficier malgré tout des avantages de CSL, chacun doit définir des stratégies d'encodage *ad hoc* et créer des styles qui reposent sur elles en fonction de ses besoins. Cela requiert beaucoup de recherches et de temps pour comprendre comment fonctionne CSL, découvrir des fonctionnalités peu connues de *Zotero*, programmer des outils et corriger ensuite ses erreurs. Pour des raisons fort compréhensibles, peu de chercheurs ont le temps ou l'envie de se consacrer à ces tâches. Le but du projet *CSL/Clio* est de réduire le plus possible l'investissement requis en fournissant des solutions clés en main pour utiliser CSL et automatiser le plus possible le travail de post-traitement qui reste nécessaire. Ainsi, le temps d'apprentissage nécessaire pour maîtriser les principes et les outils présentés dans ce guide sera largement compensé par le temps et l'énergie gagnés lors du processus de rédaction. De plus, ce travail pourra servir de base pour coordonner les efforts des individus qui souhaiteront apporter des améliorations ou de nouvelles fonctionnalités, au lieu que chacun perde son temps en partant de zéro. Les lignes directrices du projet sont exposées maintenant, avant de passer à la pratique.
On peut surmonter de trois manières différentes le fait que les spécifications CSL et les gestionnaires de bibliographie ne déterminent pas de stratégies d'encodage claire pour une partie des besoins relatifs à la discipline historique:
#. N'utiliser que les fonctionnalités offertes, en modifiant et en complétant à la main le résultat produit par le processeur CSL. Ainsi, pour indiquer une source, on peut enregistrer la publication dans laquelle elle est éditée dans *Zotero*, choisir un style assez proche de celui de la revue visée et ajouter à la main la mention de l'auteur et du nom de la source. Cette solution n'implique aucun bricolage, limite au minimum le temps d'apprentissage et laisse aux revues la possibilité de proposer des styles CSL sur les dépôts officiels qui ne sont pas complètement conformes à leurs directives, mais suivent en revanche rigoureusement les spécifications de CSL. Elle ne permet toutefois pas de tirer pleinement profit des possibilités de CSL et impose un long temps de vérification et de correction;
#. Inventer des variables qui ne figurent pas dans les spécifications CSL et rédiger des feuilles de style qui les utilisent. Cette solution est applicable dans la mesure où le processeur utilisé supporte les variables non standard, ce qui est le cas de *citeproc-js* (le plus répandu) et de *citeproc* (sur lequel s'appuie Pandoc);
#. Utiliser des variables existantes d'une manière qui n'est pas prévue par les spécifications, ce qui permet de respecter formellement le schéma CSL et de créer des styles compatibles avec tous les processeurs. Plus précisément, cette stratégie consiste à *spécialiser* des variables très abstraites (telles que `annote` pour indiquer un titre de source) et à *détourner* des variables plus spécialisées dont les historiens n'ont a priori pas besoin (telles que `jurisdiction` pour indiquer la langue d'origine d'un document traduit).
Le projet *CSL/Clio* repose sur la troisième option. Certes, l'invention de nouvelles variables présente l'avantage de la clarté, et le détournement de variables existantes pourrait entrer en conflit avec des besoins imprévus. J'ai choisi de privilégier la compatibilité avec le plus grand nombre de processeurs. De plus, l'utilisation de variables non standard interdirait de placer les styles développés dans le cadre de *CSL/Clio* dans les dépôts de CSL et de *Zotero*. J'espère que les évolutions futures de CSL permettront de se passer du détournement de variables; si les adaptations nécessaires à notre discipline se limitent à des spécialisations, une intégration aux dépôts officiels deviendra envisageable.
Le premier objectif de *CSL/Clio* est donc de fournir des règles communes pour encoder des bibliographies selon les catégories prévues par CSL, en définissant quelles variables peuvent être spécialisées ou détournées pour quels types d'information. Ce vocabulaire commun constitue une condition préalable à la création de styles interopérables, c'est-à-dire qui puissent tous être utilisés avec une base de données bibliographique qui suit ces règles. Une autre condition est l'existence de règles communes pour structurer les styles. L'idée principale est de diviser le code en *modules*, c'est-à-dire de petites unités, de manière à ce que l'on puisse facilement comprendre comment il est organisé et créer un autre style en le modifiant.
Considérons, par exemple, la structure non modulaire suivante (écrite en pseudo-code et non en XML):
Si l'on veut modifier un seul aspect (p.ex.retirer les guillemets d'un titre d'article), il faut parcourir tout le code pour trouver le passage concerné; or, les règles des revues en histoire sont souvent beaucoup plus raffinées que cela. Le code modulaire suivant sera beaucoup plus facile à comprendre et à manier à mesure qu'il se complexifiera:
Si l'on reprend l'exemple précédent, on saura immédiatement qu'il faut modifier la macro "titre" pour supprimer les guillemets, et ce d'autant plus s'il est convenu que tous les styles doivent indiquer la mise en forme du titre principal du document (et seulement cela) dans un macro appelée "titre".
Pour garantir que les styles produise bien la mise en forme attendue, ils sont contrôlés automatiquement après chaque modification. D'une part, *CSL/Clio* intrègre une bibliographie type d'une cinquantaine d'items représentant chacun une configuration différente. D'autre part, chaque style est associé à un fichier qui indique la mise en forme attendue par la revue ou l'éditeur pour chacun de ces items dans différentes situations (première citation, citation ultérieure, en combinaison,...). Un style ne sera pas mis en ligne tant qu'il ne produira pas un rendu conforme, et il ne sera pas modifié si la modification proposée entraîne des effets indésirables.
Les conventions suivies dans *CSL/Clio* sont exposées dans la partie [*Programmer de nouveaux styles*](#programmer-de-nouveaux-styles). Contrairement aux règles d'enregistrement des données bibliographiques, il n'est pas nécessaires de les connaître si l'on ne souhaite pas en programmer soi-même de feuille de style CSL. Cependant, il est bon d'avoir conscience que les styles mis à disposition par le projet *CSL/Clio* suivent des stratégies précises qui ne sont pas suivies par ceux des dépôts officiels. Le lecteur sera également rassuré de savoir que les conventions suivies permettent de produire des styles fiables et que l'on peut aisément corriger ou modifier pour produire d'autres styles.
Quelles que soient les stratégies utilisées, certaines exigences d'éditeurs et de revues ne peuvent pas être satisfaites en se limitant à CSL. Pour ne citer qu'un exemple, il est impossible, dans la bibliographie, d'introduire les références aux folios par «f. » s'il n'y en a qu'un et «ff. » s'il y en a plusieurs. Pour cette raison, *CSL/Clio* fournit deux types d'outils de post-traitement qui permettent de limiter le plus possible le travail manuel requis pour corriger les imperfections de la mise en forme automatique: des [filtres Lua](https://pandoc.org/lua-filters.html) (encore peu nombreux) à utiliser avec *Pandoc* et des macros pour *LibreOffice Writer*. Pour l'instant, je n'ai pas prévu de réécrire les macros pour en faire une version utilisable avec *Microsoft Word*; heureusement, la suite *LibreOffice* est gratuite et peut très bien traiter des documents au format DOCX rédigés sous *Word*. Chaque style est fourni avec un document qui précise ses limites et indique quelles macros utiliser et quelles tâches doivent être accomplies manuellement.
Pour l'instant, le projet *CSL/Clio* est surtout informé par ma pratique de doctorant en histoire du Proche-Orient médiéval. Il est possible que je n'aie pas rencontré les mêmes problèmes que vous, que je n'aie pas eu les mêmes besoins. Si, par exemple, vous trouvez un bug dans les outils proposés, si certains passages de ce guide ne vous paraissent pas clair, si vous avez besoin d'un style de revue qui n'est pas fourni, si les outils de post-traitement n'effectuent pas une tâche dont vous avez besoin, ou si vous souhaitez participer, n'hésitez pas à me contacter via [le dépôt du projet](<!-- REF -->).